Envie de Dire

De Jane Campion, sorti en 2010, avec Abbie Cornish (Fanny Brawne), Ben Whishaw (John Keats), Kerry Fox (Mme Brawne), Paul Schneider (M. Brown)...

Londres, 1818.

Fanny est une jeune fille effrontée qui fait de la couture le moyen d'exprimer sa fantaisie ; elle est d'ailleurs fort appréciée en ce domaine. John Keats est un jeune poète romantique qui vit difficilement dans son voisinage. Malgré l'ennui de la première par rapport à la littérature, les deux personnages se rapprochent grâce à la maladie du jeune frère de John. De par sa demande, il accepte de lui enseigner la poésie. Leur sentiment grandit et lorsque la mère de Fanny ainsi que Brown, l'ami de John, s'en rendent compte, ils ne peuvent plus l'empêcher. C'est la maladie gagnant John qui devra l'éloigner d'elle...

On retrouve une ambiance aussi intense que pour la Leçon de Piano. Enfin un film à l'histoire d'amour purement romantique, marquée par la poésie de Keats ; poète reconnu seulement après sa mort (1795-1821) à 21 ans due à la tuberculose.

Les relations entre les personnages sont dites par peu de choses mais sont très intenses. Sans parler du couple, la famille est très soudée. L'intimité s'exprime sans difficulté et surtout sans fioritures. Un vrai chef-d'oeuvre!

Le personnage de Brown est purement détestable mais aucun personnage n'est simple et on sait bien que celui-ci cache une grande blessure.

Les plans de nature sont très beaux, avec des couleurs intenses. Mais c'est tout le film qui est traité avec une luminosité très pure.

"Bright star, would I were stedfast as thou art
Not in lone splendour hung aloft the night
And watching, with eternal lids apart,
Like nature's patient, sleepless Eremite,
The moving waters at their priestlike task
Of pure ablution round earth's human shores,
Or gazing on the new soft-fallen mask
Of snow upon the mountains and the moors--
No--yet still stedfast, still unchangeable,
Pillow'd upon my fair love's ripening breast,
To feel for ever its soft fall and swell,
Awake for ever in a sweet unrest,
Still, still to hear her tender-taken breath,
And so live ever--or else swoon to death."

IB

De James Cameron en 2010, avec Sam Worthington (Jake Sully), Zoé Saldana (Neytiri), Sigourney Weaver (Grace Augustine), Stephen Lang (Quaritch)...

Car il faut bien en parler ! Tout d'abord, qu'en avez-vous pensé ? J'ai l'impression qu'il y a ceux qui rejettent ce film et ceux qui l'ont adoré ! Je fais bien évidement partie de la seconde catégorie. Malgré un scénario simpliste (vu et revu ; ce qui ne gâche pas le plaisir quand c'est bien fait...), l'effet d'un monde totalement inventé m'a tenue scotchée pendant bien plus longtemps que les 3h de film. En sortant du ciné, j'étais encore sur Pandora (et pendant quelques semaines encore après ; l'effet s'estompe peu à peu)!

Histoire : Jake Sully, un ex-marine (paralisé des jambes) prend la place de son frère jumeau, mort brusquement, dans un programme qui l'amène à des années-lumière de la Terre, sur Pandora. 6 ans de cryonisation plus tard, il se réveille dans un complexe d'exploitation d'un minerai exceptionnel et très cher ; à moitié base militaire et centre de recherche du programme 'avatar'. C'est à dire, que les scientifiques ont crées à partir de l'ADN des autochtones, des corps destinés à être piloté à distance.

Ceci devrait leur permettre de visiter plus librement la planète (atmosphère irrespirable pour les humains) et de traiter avec les peuples l'habitant : les Na'Vi. A l'arrivée de Jake, les relations entre humains et Na'Vi sont au plus bas. Jake, de par ses capacités militaires est choisi par le colonel Quaritch pour s'infiltrer chez les Na'Vi, dont l'arbre-maison est placé au dessus d'une importante quantité de ce cher minerai. Il part donc en mission et se retrouve perdu dans la forêt où il se fait pister par une Na'Vi. Arrivée miraculeusement au village, il est confié à cette femme, Neytiri, la corvée de l'instruire de leurs coutumes. (Là, j'avoue, ça fait très Pocahontas!) Bien sûr, devinez la suite...

Ce peuple est magnifique ; ses membres sont forts et forment une société très unie avec des fonctions précises. Leur religion repose sur le système qui leur permet de se connecter avec chaque autre être vivant de leur monde (par la natte) et est incarné par un arbre blanc.

Un parfait film de science-fiction mais il est peut-être traité trop rapidement ; beaucoup de détails doivent passer à la trappe pour concentrer l'histoire sur les 2 personnages principaux : leur quête personnelle, leur société, leur amour (eh oui!). Ce que j'ai beaucoup aimé (et qui n'a pas besoin d'être exprimer très subtilement) c'est le thème de la renaissance de Jake.

C'était mon premier film en 3D et je n'aurais pas pu être plus plongée dans l'histoire ! D'ailleurs, je trouve que là se voit le vrai travail de l'acteur : ils ont quasiment tout tourné comme le faisait Gollum pour le seigneur des anneaux, en devant imaginer tout ce qui crée leur jeu...

Il remporte les Oscars de la meilleure direction artistique, de la meilleure photographie et des meilleurs effets spéciaux.

Que de choses à en dire ! Mais j'arrête là...

IB

De Kim Ki Duk, sortie française en 2010, avec Jô Odagiri (Jin), Lee Na-Young (Ran), Ji-a Park (l'ex de Jin).

Jin est encore amoureux de son ex-copine qui l'a quitté. A l'inverse, Ran ne peux que se réjouir d'avoir rompu avec un type qu'elle hait. Ils ne se connaissent pas et se rencontrent au commissariat alors que Ran a provoqué un accident dont Jin à rêvé... Ils se rendent compte qu'ils sont véritablement liés dans leur sommeil : l'un rêve et l'autre vit le rêve alors qu'elle dort. Ils décident de se partager les nuits, le sommeil, mais rien ne se passe comme prévu et ils ne peuvent empêcher ce besoin.

Se sentant responsable Jin décide de ne plus dormir...

Un magnifique film! J'aime particulièrement une scène où les anciens amants des personnages principaux se retrouvent pour faire l'amour dans une voiture dans un champs. A la violente jalousie de l'homme s'en suit une dispute où chaque personnage est transposé avec celui du même sexe. Ainsi, la dispute se poursuit avec parfois Ran en face de son ex ou bien en face de Jin, et inversement.

Pour nombre de ces films, Kim Ki Duk place les personnages lorsqu'ils sont en temps de rencontre amoureuse, dans un lieu touristique. Ici, ils visitent un monastère. C'est important pour l'esthétique du film, de les placer dans un tel lieu, car il devient emblématique. Plus tard, Jin ne sachant plus où se trouve Ran, retrace tout leur parcours seul, plongé dans le souvenir.

L'image du papillon est aussi emblématique parce qu'il représente leur lien. A la fin, Ran veut devenir un papillon et s'abandonner à ce qu'elle ressent... Ca me fait penser au tableau de Gérard : Amour et Psyché. Il y représente la jeune fille, attendant le baiser de Cupidon  : elle ne le voit pas mais le ressent et Gérard incarne son âme dans un papillon qui survole sa tête.

Je n'en dit pas plus, à vous de (le) voir!

IB

De Charles Vidor en 1946, avec Glenn Ford (Johnny Farrell), George MacReady (Ballin Mundson) et Rita Hayworth (Gilda).

Ballin Mundson, un homme d'affaire, très strict, sérieux et dangereux, dirige un casino. Comment fait-il pour prendre Johnny, un joueur de hasard doué pour la triche, comme bras droit et Gilda, son ancienne maîtresse, pour femme ? Or, ces deux personnes sont des amoureux à mort, s'aiment et se détestent.

Une histoire dont le scénario est un peu celui de Scarface : l'homme de main qui remplace le maître et va jusqu'à lui prendre sa femme. On le voit pour Rita Hayworth ; sa beauté, la chanson Put the Blame on Mame et surtout pour son strip-tease !

C'est ce film qui la propulse au rang de symbole sexuel. Dire qu'elle ne dénude que ses bras, mais il faut dire qu'elle n'est pas très douée avec les fermetures éclairs....

Un film à voir pour la culture!

IB

De Peter Weir, en 1990, avec Robin Williams (John Keating), Etan Hawke (Todd Anderson), Robert Sean Leonard (Neil Perry), Josh Charles (Knox Overstreet)...

C'est une rentrée scolaire à Welton pour les étudiants en métiers de prestige! Cette année, le poste de professeur de lettres est attribué à M. Keating... Celui-ci va essayer de forger un esprit libre et sensible dans ces têtes chercheuses, en leur inculquant l'art de la poésie (non pas l'appréciation catégorique et mesurée de la parole comme ce que voudrait son programme). Et voilà que quelques étudiants dont Todd et Neil...  reforment le cercle des poètes disparus et se réunissent dans une grotte la nuit venue pour lire et exprimer des vers. Où est le problème ? Il vient plus tard, avec la ferme discipline du système scolaire...

J'y ai découvert Walt Whitman, poète passionné et dévergondé : recueil Leaves, dont M.Keating tire l'appellation avec laquelle il veut que ses élèves le nomment : "O Captain, My Captain" (poème du même nom)! Egalement une vision de la vie : "O Vierge ne perd donc pas l'espoir..." et une chanson très rythmée : " Et je vis le congo serpentin de moire, traverser la forêt dans un éclair noir"!

Les personnages sont très attachants et ont chacun leur caractéristique : un amoureux, un timide secrètement doué, un passionné, un risque-tout insubmersible, un surdoué à lunettes, un grand naïf... et malheur : une balance...

Du rire et des moments touchants qui créent une histoire sérieuse mais toujours agréable à voir et à revoir.

Anecdotes : fait très rare, le film a entièrement été tourné dans l'ordre chronologique du scénario afin que les relations entre les personnages du groupe fassent plus naturelles. Le scénario est d'ailleurs écrit par Tom Schulman, qui le base sur ses propres souvenirs de collège. Celui-ci remporte l'oscar du meilleur scénario originale à la sortie du film.

                                         CARPE DIEM !

IB

De Kim ki Duk, en 2005, avec Jeon Sung-Hwan (le vieil homme) et Han Yeo-Reum (la jeune fille).

Un vieil homme vit sur un bateau avec une jeune fille de 15 ans. Chaque jour, il part au port et amène des gens qui veulent pêcher une journée. A ceux qui le désire, il lit l'avenir. Ni le vieil homme, ni la jeune fille, ne parle beaucoup ; ce qui fait énormément de commérages chez ces gens qui se demandent la nature de la relation qui unit ces deux personnages. On apprend que l'homme souhaite épouser la jeune fille dès qu'elle aura son 16eme anniversaire. Un jour, celui-ci amène plusieurs personnes dont un homme qui est accompagné de son fils du même âge que la fille. Depuis les années passées sur ce bateau, elle n'a pas vu de  garçon. Mais le vieil homme ne supporte pas la nouvelle relation qui se créer entre ces deux-là...

L'homme possède pour seule arme un arc dont il use sur les pêcheurs qui se préoccupent plus de la jeune fille, ou bien pour lire l'avenir. Il le transforme également en violon à deux cordes (un instrument typiquement chinois). L'arc traduit ici fidèlement les sentiments de son maître.

J'ai énormément aimé la prestation de Han Yeo-Reum. Elle a un visage magnifique et très expressif ; un sourire tellement beau qu'on le remarque d'autant quand elle ne sourie pas. Notez qu'elle joue également dans Samaria du même réalisateur.

L'action se déroule exclusivement en mer ; un ciel et une mer grise. Pourtant, par les vêtements et les peintures du bateau, les plans semblent très colorés.

La fin peut laisser sceptique. Pour ma part, ayant dépassé mon malaise premier, je l'ai trouvée très juste et très positive.

IB

Par Jane Campion (1993), avec Holly Hunter (Ada), Harvey Keitel (Baines), Sam Neill (Stewart) et Ana Paquin (Flora, la fille).

Au 19° siècle, Ada est mariée à Stewart qui vit en Nouvelle-Zélande. Elle le rejoint donc avec sa fille. Lorsqu'ils se retrouvent sur la plage, son mari fait porter ses malles par les autochtones maoris qui communiquent avec lui par le biais de Baines. Ada ne parle pas depuis qu'elle est enfant et joue du piano depuis ; c'est le moyen qu'elle a d'exprimer ses émotions malgré le fait qu'elle écrive et qu'elle communique par le biais de sa fille.

Stewart décide d'abandonner le piano sur la plage. Elle demande plus tard à Baines de l'amener sur la plage pour qu'elle puisse jouer. Celui-ci veut alors d'acheter le piano à Stewart et le fait installer chez lui. Ada est censée donner des cours à Baines mais lui ne veut pas apprendre. Il lui propose un marché pour récupérer son piano.

La musique composée par Michael Nyman est culte. Je me souviens que nous avions l'album à la maison et un jour, petite, que je zappais, je suis tombée sur le générique de début. J'ai tout de suite reconnue la musique ! Les scènes de jeu ont d'ailleurs presque toutes été assurées par Holly Hunter. Mes préférés : Deep into the forest, the Heart ask Pleasure first et The Promise.

Je trouve ce film assez impressionnant car tout tourne autour d'une héroïne qui ne parle pas. Cela crée des tensions et l'une des scènes les plus violentes où Ada résiste à la passion de son mari est silencieuse. On n'entend que les souffles et l'on voit le visage d'Ada, la bouche résolument fermée.

De nombreuses récompenses sont attribués en 1994 : oscars du meilleur scénario, de la meilleur actrice pour Hunter et du meilleur second rôle pour Paquin et meilleur film étranger. Palme d'or en 1993 au festival de Cannes et prix d'interprétation féminine pour Hunter.

Autant dire que ce film mérite ces récompenses !

IB

Un film de Pan Nalin (2001) avec Shawn Ku (Tashi), Christy Chung (Pema).

Voilà un magnifique film !

Après 3 ans, 3 mois et 3 jours de réclusion volontaire, Tashi retourne dans la communauté de lamas vivant dans des montagnes du Ladakh, au nord de l'Inde. Etant en proie à l'émergence de ses désirs sexuels, il est envoyé par Apo, le moine doyen, rejoindre l'ermitage d'un vieil homme qui lui montre des dessins et des textes relatifs à la sexualité.

En proie au doute, il décide de se conformer à l'enseignement de Bouddha, c'est à dire qu'il faut comprendre ce à quoi on renonce. Tashi décide de descendre dans le Samsara (le monde matériel) afin de vivre ses expériences et ainsi de savoir par lui-même ce à quoi il doit renoncer.  Il se rend dans un village où lors d'une fête religieuse, il a fait la connaissance de Pema.

Les images sont magnifiques et la musique s'y installe doucement, semble provoquer les actions en prenant de l'ampleur, comme si elle rendait audible les réflexions des personnages avant qu'ils n'agissent. C'est un film assez lent, qui prend son temps à montrer le rythme de vie des personnages et qui s'attache à leur intérieur. Pourtant on ne s'y ennuie pas une minute. Toute les actions sont des nouvelles expériences de Tashi, plaisantes ou non. La touche d'érotisme est simplement mais originalement filmée.

La musique est également superbe.

Quand je disais que Pan Nalin prend le temps de montrer les personnages et leur environnement... il y a quelques scènes que j'adore comme quand on voit un enfant mimer un spectacle religieux aux moines en train de se tordre de rire. Ou alors, la scène du départ de Tashi du monastère. Il s'arrête à la rivière et commence à se déshabiller. Puis on le voit nu, de dos et immobile, avancé jusqu'aux fesses dans l'eau mouvante. Ensuite, il endosse ses nouveaux habits... Ou bien (encore une), la première fois que Tashi et Pema se voient, c'est en pleine nuit. Ils se croisent dans les escaliers. Tashi tient une lanterne qui donne une lumière chaude et douce tandis qu'ils se détaillent. On voit des gros plans sur leurs yeux, leurs bouches... Je m'arrête là, je pourrais raconter tout le film par des petites scènes !

Le tournage aura duré 7 ans et aura été une vrai bataille. L'équipe de 15 nationalités différentes tournait selon ce que Pan Nalin a baptisé la 'zenematography' ; avec au programme yoga, exercices de méditations... pour contrebalancer la tension politique du Ladakh ; les militants cachemiris tuant alors 3 moines. De fait, l'équipe a dû respecter un couvre feu. Outre ces raisons, ils ont subi des inondations et devaient tourner avec une qualité de silence parfaite à cause de l'environnement montagneux et de la haute altitude qui peut également rendre malade...

IB